Par le bureau de l’APFP.
Chers amis et adhérents,
Quelle volte-face ! Et surtout, quelle régression ! Alors que Frédéric Mitterrand prenait la mesure de la valeur culturelle des fonds photographiques d’auteurs tels Willy Ronis ou André Kertész, l’actuel ministère de la Culture et de la Communication lamine les quelques résultats obtenus, pourtant fondamentaux.
• LA SALLE D’EXPOSITION PARISIENNE DE LA PHOTOGRAPHIE PATRIMONIALE : PROJET ABANDONNÉ !
Jamais 2 sans 3 !
Après la fermeture en janvier 2010 de la salle accueillant les expositions patrimoniales à l’Hôtel de Sully et après l’abandon de l’aménagement temporaire du Palais de Tokyo, annoncé le 7 février 2011, le projet d’aménagement de l’Hôtel de Nevers qui devait débuter à l’été 2012 est sabré !
Aucune solution de rechange n’est proposée.
Notre annonce (mars 2012, courrier 17) était fondée : « les cimaises de l’hôtel de Sully dédiées à la photographie patrimoniale ne sont pas prêtes d’être remplacées. Une veille attentive est plus que jamais de mise… ».
Alors que la Bibliothèque nationale de France n’a plus de galerie permanente de photographie, que le musée national d’Art moderne monte des expositions ponctuelles, et que le musée d’Orsay se concentre sur le XIXe siècle, le seul lieu spécialisé est le Jeu de Paume, orienté vers le contemporain. La salle de l’hôtel de Sully était indispensable. Une salle d’exposition pour la photographie patrimoniale porterait la politique ministérielle.
A l’heure où se clôt le chapitre argentique, annuler le projet de l’hôtel de Nevers sans solution de remplacement traduit le désintérêt de l’État envers les œuvres des photographes tels Sabine Weiss, William Klein…
Le ministère de la Culture et de la Communication participe ainsi, sans bien s’en rendre compte, à l’appauvrissement des collections publiques françaises.
• LA MISSION DE LA PHOTOGRAPHIE : PROJET ABANDONNÉ ?
– 25 mars 2010 : La Mission de la photographie est créée. Est-elle toujours en ordre de marche alors que sa nécessité et son rôle de coordination, ne sont plus à démontrer ?
– 27 mars 2012 : Le ministre, Frédéric Mitterrand, annonce officiellement la création du portail AraGo, « un site unique permettant de donner un accès libre et direct à l’ensemble des collections photographiques nationales dans un premier temps, et qui s’ouvrira par la suite, aux collections publiques et privées sur la base du volontariat. » (www.photo-arago.fr).
C’était une avancée notoire, mais là aussi, des inquiétudes persistent. Des conservateurs et responsables de collections publiques ont fourni un travail important nécessaire à sa réalisation. Le site constitue un outil de référence pour la recherche et la valorisation des fonds photographiques, en France et à l’étranger. Est-il toujours d’actualité ? Qu’en est-il de la responsabilité scientifique ? Un flottement règne…
• Le Conseil scientifique et le comité en charge de la conservation des fonds à la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine.
La première réunion a eu lieu en 2012. Aucun projet scientifique n’a émergé de ce conseil pourtant dédié à cette mission ! Une prochaine réunion est-elle prévue ?
• La Commission des dons et des legs
Elle fonctionnait de façon informelle, mais semble-t-il avec une certaine efficacité, au sein de la mission de la photographie. Existe-t-elle encore ? Nous n’avons aucune information.
• Le Comité en charge de la conservation des fonds de la Médiathèque
Il ne s’est toujours pas réuni depuis 2009… Doit-on considérer qu’il existe toujours ?
• Le Département de la Photographie de la Médiathèque
Il ne figure toujours pas sur le site de la Médiathèque du Patrimoine et de l’Architecture en possession de l’une des principales collections publiques françaises comptant Atget, Nadar, Harcourt, .. et surtout les collections de l’ex Patrimoine photographique (Willy Ronis, André Kertész, François Kollar, René-Jacques, Marcel Bovis, Bruno Réquillart, …). Le poste de conservateur, obtenu après tant d’efforts de l’Adidaepp, est apparemment perdu. Un chef de Service, Mme Evelyne Cohen, a été nommé en remplacement de Marie Robert, désormais conservateur au musée d’Orsay.
Alors que l’Adidaepp avait obtenu, après huit années d’activité, des résultats tangibles, nous sommes entrés dans une phase de régression. Les difficultés économiques ne sont pas seules en cause. La Mission de la Photographie n’est constituée que de fonctionnaires ou personnels assimilés, c’est donc une volonté politique qui fait défaut.
Le devenir de l’œuvre de grands photographes est négligé par le Ministère. Contrairement aux apparences, la reconnaissance de la photographie comme art ne se traduit pas dans les faits.
Le temps est à l’urgence et non aux tergiversations. Une politique patrimoniale exige déjà une volonté politique pour dynamiser et coordonner toutes les ressources existantes.
La vigilance et la mobilisation du monde de la photographie ne faiblissent pas. 24 photographes de l’Association des Photographes Parisiens (pparisiens@wanadoo.fr) nous ont rejoints.
Nous avons la tristesse de vous faire part du décès, au mois d’août, de Martine Franck. Membre de l’association dès sa création en 2004, son actif et amical soutien nous fut précieux.